Démence canine & Déficience auditive.

Article révisé par le Docteur Vétérinaire Karen Becker.

24 février 2023 •9 minutes de lecture

L'HISTOIRE EN UN COUP D'ŒIL

Des recherches récentes menées par l'Université d'État de Caroline du Nord ont établi que, comme c'est le cas chez les personnes âgées, il semble y avoir un lien entre la perte auditive et la démence chez les chiens âgés et gériatriques.

L'étude de 39 chiens, d'âge médian de 13 ans, a montré qu'une diminution de la capacité auditive est étroitement associée à l'apparition d'un dysfonctionnement cognitif canin (CCD).

Parmi les chiens ayant une audition normale, 61 % ne présentaient aucun symptôme de CCD, tandis que la moitié des chiens ayant une perte auditive modérée présentaient des symptômes de CCD modérés, et parmi les chiens ayant une perte auditive sévère, aucun n'était asymptomatique de CCD, 38 % présentaient des signes modérés et 50% présentaient des niveaux sévères de CCD

Des chercheurs de l'Université d'État de Caroline du Nord ont publié une étude discutant d'un lien entre la perte auditive et la démence chez les chiens âgés.(1.)

Leurs résultats pourraient permettre de mieux comprendre la relation entre la perte sensorielle et la fonction cognitive chez les compagnons canins, et aider au traitement des chiens vieillissants.

« Chez l'homme, nous savons que la perte auditive liée à l'âge toucherait un tiers des personnes de plus de 65 ans », a déclaré Natasha Olby de NC State, auteur principal de l'étude, dans un communiqué de presse.

Nous savons également que le déclin cognitif est environ 30 à 40 % plus rapide chez les personnes souffrant d'une perte auditive liée à l'âge, et que cette perte contribue davantage au risque de démence que d'autres facteurs tels que l'hypertension ou l'obésité. Cependant, nous ne savons pas si cela est également vrai pour les chiens .

Comment l'audition peut affecter la cognition

Comme l'explique le Dr Stanley Coren, expert en comportement canin et auteur, dans son blog Canine Corner dans Psychology Today : (3.)

Pourquoi l'audition devrait-elle être liée aux capacités mentales ?

Il a été suggéré que cette association s'explique par le fait que l'interprétation des sons et une grande partie du traitement cognitif se produisent dans les mêmes zones du cerveau.

C'est le lobe temporal qui traite à la fois les informations auditives et la mémoire à court terme. C'est aussi souvent la première zone à être touchée par la maladie d'Alzheimer.

Il a été suggéré qu'une mauvaise audition pourrait potentiellement entraîner une détérioration progressive de cette région du cerveau.

Le principe est le suivant : une réduction des entrées sonores dans le cerveau entraîne une sous-stimulation des cellules corticales.

Le cerveau fonctionnant souvent selon le principe «Utilisez-le ou perdez-le! ».

Les zones cérébrales mal utilisées ont tendance à se rétrécir, les cellules corticales à mourir et l'efficacité de cette partie du cerveau à diminuer.

Ce phénomène pourrait se produire dans le lobe temporal des personnes malentendantes, simplement parce qu'en l'absence d'entrées auditives, il n'a plus besoin de travailler pour comprendre les sons.

Il semble probable que le même mécanisme s'applique aux chiens âgés, car le déclin auditif lié à l'âge se produit également chez les canidés.

Généralement, l'audition canine commence à diminuer vers 8 à 10 ans 

Généralement, l'audition canine commence à diminuer vers 8 à 10 ans, les pertes les plus importantes se situant dans les hautes fréquences, puis dans les fréquences moyennes.

Une étude de l'État de Caroline du Nord a porté sur 39 chiens âgés en bonne santé, d'âge médian de 13 ans.

Chaque chien a subi des tests auditifs et cognitifs. Le test auditif utilisait la méthode BAER (Brainstem Auditory Evoked Response), qui consiste à placer des électrodes sur la tête du chien pour mesurer les réponses électriques aux sons dans le nerf cochléaire et le tronc cérébral.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK597358/

Les chiens ont été répartis en trois groupes selon leurs capacités auditives :

Aucune perte auditive (capable d'entendre des sons à 50 décibels (dB) (19 chiens)

Perte auditive modérée (capable d'entendre des sons à 70 dB) (12 chiens)

Malentendants sévères (capables d'entendre uniquement des sons à 90 dB ou plus — un niveau de bruit proche de celui d'un avion à réaction au décollage) (8 chiens)

Les partenaires de chien ont rempli deux questionnaires : l'un axé sur les capacités cognitives, l'autre sur la qualité de vie.

Le questionnaire sur la qualité de vie incluait des questions sur la vitalité (par exemple, le niveau d'énergie, le maintien de l'intérêt pour les activités préférées), ainsi que sur la qualité de la compagnie, mesurée par des critères comme une affection normale et le plaisir d'être caressé et touché.

Le questionnaire sur les capacités cognitives visait à détecter les symptômes de dysfonctionnement cognitif canin (CCD), en posant des questions telles que si le chien semblait désorienté dans des environnements familiers, avait du mal à reconnaître des personnes ou des animaux familiers ou montrait une capacité réduite à se souvenir et à répondre aux demandes précédemment apprises.

La perte auditive représente un problème de qualité de vie pour les chiens âgés

Les chercheurs ont comparé les résultats des tests auditifs des chiens avec les réponses de leurs partenaires humains au questionnaire sur la qualité de vie et ont constaté que les scores liés à la vitalité et à la compagnie diminuaient significativement à mesure que l'audition se détériorait.

De plus, les scores du questionnaire cognitif ont classé les 8 chiens du groupe 90 dB comme anormaux, ainsi que 9 des 12 chiens du groupe 70 dB et 8 des 19 chiens du groupe 50 dB.

Enfin, les résultats des tests cognitifs des chiens ont également montré qu'à mesure que l'audition déclinait, la capacité à effectuer des tâches diminuait également.

En résumé : la capacité auditive d'un chien est étroitement liée à l'apparition de la CCD.

Parmi les chiens ayant une audition normale, 61 % ne présentaient aucun symptôme de CCD, 31 % présentaient des symptômes légers et seulement 5 % présentaient un déclin cognitif modéré.

Parmi les chiens présentant une perte auditive modérée, 25 % ne présentaient aucun symptôme, et 50 % présentaient des signes modérés de CCD.

Parmi les chiens présentant une perte auditive sévère, 0 % ne présentaient aucun symptôme de CCD, 38 % présentaient des signes modérés et 50 % présentaient des niveaux sévères de CCD

Les études menées sur des humains atteints de démence liée à l'âge montrent souvent que la perte auditive est l'un des facteurs de risque les plus importants, et cette étude suggère certainement un lien similaire entre la perte auditive et le déclin cognitif chez les chiens âgés.(5.)

Selon Olby :

La perte auditive est l'un des principaux facteurs prédictifs de démence. Elle contribue également aux chutes chez les personnes âgées, car le déclin sensoriel contribue à la perte des capacités motrices. Le lien entre déclin physique et neurologique est donc évident chez l'humain.

Cette étude indique que le même lien est à l'œuvre chez les chiens vieillissants.

Mais comme nous pouvons potentiellement traiter la perte auditive chez les chiens, nous pourrions atténuer certains de ces autres problèmes.

En quantifiant les changements neurologiques et physiologiques chez les chiens âgés, nous améliorons non seulement notre capacité à identifier et à traiter ces problèmes chez nos animaux de compagnie, mais nous créons également un modèle pour améliorer notre compréhension des mêmes problèmes chez les humains.

Chez l'humain, la perte auditive peut être traitée grâce à des appareils auditifs, ce qui peut retarder ou prévenir la démence.

En pratique, la même approche est impossible avec les chiens, car ils ont peu de chances de tolérer de minuscules appareils amovibles dans ou autour de leurs oreilles.

Une autre option envisagée est l'implant cochléaire, de plus en plus répandu chez l'homme.

Cependant, le coût des implants destinés aux vétérinaires serait probablement prohibitif pour la plupart des partenaires d'animaux, du moins dans un avenir proche.

Signes courants de démence chez le chien

Des signes de syndrome de détresse cognitive apparaissent chez environ la moitié des chiens de plus de 11 ans.

À 15 ans, près de 70 % présentent au moins un signe de déclin cognitif.

Les chiens de grandes et très grandes races vieillissant plus vite que les chiens de petites races, ils peuvent commencer à souffrir de ce déclin dès l'âge de six ans.

Si votre chien a environ cet âge, est de grande ou très grande race et présente un ou plusieurs symptômes de syndrome de détresse cognitive, n'écartez pas un problème lié à l'âge.

Il existe cinq signes classiques de déclin cognitif chez le chien :

Augmentation de la quantité totale de sommeil sur une période de 24 heures

Diminution de l'attention à l'environnement, désintérêt, apathie

Diminution de l'activité intentionnelle

Perte de connaissances acquises antérieurement, y compris l'éducation à la propreté

Angoisse intermittente exprimée par de l'appréhension, des halètements, des gémissements ou des frissons

D'autres symptômes incluent l'incapacité à répondre aux demandes (possiblement due à une perte auditive), l'incapacité à reconnaître les personnes familières et des difficultés à s'orienter dans son environnement.

D'autres manifestations physiques du CCD peuvent inclure un léchage excessif, un manque de toilette, une incontinence fécale et urinaire, et une perte d'appétit.

5 façons d'aider votre chien à rester mentalement vif

Des recherches montrent que le déclin mental des chiens peut être amélioré en leur proposant un régime alimentaire enrichi en antioxydants associé à un programme d'enrichissement cognitif et environnemental, ainsi qu'à des exercices supplémentaires.

Il existe de nombreuses mesures que vous pouvez prendre pour aider votre compagnon âgé à maintenir une bonne santé cognitive le plus longtemps possible et à retarder l'apparition et la progression des troubles cognitifs.

Voici cinq des mesures les plus importantes à prendre :

Alimentation — Adoptez une alimentation optimale sur le plan nutritionnel, adaptée à l'espèce et riche en bonnes graisses, notamment en acides gras oméga-3 riches en phospholipides comme l'huile de krill. L'huile de krill et d'autres graisses saines non raffinées, dont l'huile MCT , sont essentielles à la santé cognitive.Le carburant idéal pour un chien vieillissant est une variété d'aliments vivants et complets adaptés à un carnivore.

Éliminez tous les glucides raffinés, qui ne sont que du sucre superflu.

Réduisez les céréales, les pommes de terre et les légumineuses.

Remplacez ces glucides superflus par des protéines de haute qualité et des légumes colorés et riches en antioxydants.

Éliminez les aliments extrudés (croquettes) pour éviter les sous-produits toxiques du processus de fabrication qui peuvent endommager les tissus cérébraux. (6.)La plupart des aliments pour animaux de compagnie sont fabriqués de manière à créer des sous-produits chimiques susceptibles d'affecter la santé cognitive, notamment des amines hétérocycliques, des acrylamides et des produits finaux de glycation avancée (AGE).

Des aliments frais et biologiquement appropriés fournissent les nutriments complets dont un cerveau vieillissant a besoin.Une alimentation diversifiée, peu transformée, biologique et sans OGM améliorera également le microbiome, qui a été associé à une meilleure santé cognitive chez les humains, et j'ai également constaté une amélioration chez les animaux de compagnie.

Compléments alimentaires — Les nutraceutiques peuvent améliorer significativement la mémoire, et leurs effets sont durables.

Des études sur les triglycérides à chaîne moyenne (TCM), comme l'huile de coco, montrent qu'ils peuvent améliorer significativement les fonctions cognitives chez les animaux âgés.Les TCM fournissent une source d'énergie alternative au glucose pour le cerveau, sous forme de corps cétoniques, ce qui peut améliorer considérablement le métabolisme cérébral et l'énergie cellulaire du système nerveux central.

Une supplémentation en TCM est un excellent moyen d'offrir une source d'énergie instantanée au cerveau de votre chien.Les corps cétoniques traversent la barrière hémato-encéphalique pour nourrir efficacement les cerveaux vieillissants.

Je recommande d'ajouter 1/4 de cuillère à café de TCM par 4,5 kg de poids corporel à sa nourriture chaque jour.

Le cerveau de votre animal est composé d'environ 60 % de matières grasses, et ces matières grasses doivent être correctement alimentées avec l'âge.Je recommande également de lui fournir une source de SAMe (S-adénosylméthionine), qui contribue à la méthylation et à d'autres fonctions métaboliques importantes avec l'âge.

Un autre complément à envisager est le resvératrol (renouée du Japon), dont l'efficacité a été prouvée pour réduire les dommages causés par les radicaux libres et les dépôts de bêta-amyloïde.Le ginkgo biloba pourrait améliorer la circulation sanguine cérébrale.

La phosphatidylsérine et l'ubiquinol , la forme réduite de la CoQ10, nourrissent les mitochondries de votre animal et améliorent l'énergie cellulaire.

Les champignons Lion Mane ont démontré un excellent potentiel pour ralentir les troubles cognitifs chez de nombreuses espèces et peuvent être consommés sous forme de complément ou d'aliment complet.

Vaccins — La survaccination est absolument inutile pour les animaux âgés. Vous pouvez remplacer les vaccins par des titrages. Un titrage est une analyse sanguine qui mesure l'immunité protectrice. Il y a de fortes chances que votre compagnon à quatre pattes soit très bien protégé. Optez pour le titrage pour réduire sa charge toxique.

Exercice — Gardez le corps et l'esprit de votre chien actifs grâce à des exercices réguliers adaptés à son âge et à sa condition physique, et à une stimulation mentale (des puzzles et des jouets à friandises peuvent être bénéfiques). Offrez-lui chaque jour des occasions d'interagir socialement avec d'autres animaux et avec des personnes. Passer du temps à renifler dehors peut également stimuler le taux d'hormones du bonheur dans le corps de votre chien.

Veillez également à ce que votre compagnon à quatre pattes conserve une taille saine.

Les animaux en surpoids présentent un risque significativement plus élevé de développer des maladies liées à l'âge.

De nombreux chiens âgés bénéficient de thérapies de rééducation, notamment des exercices sur tapis roulant sous-marin et de renforcement musculaire, qui aident à maintenir une masse musculaire maigre avec l'âge.

L'exercice aérobique quotidien est essentiel, car il contribue à maintenir un faible taux de glycémie et d'insuline, ce qui, selon les recherches, est essentiel à la santé cognitive à long terme.

Examens de bien-être pour les seniors — Je recommande des visites vétérinaires deux fois par an pour les animaux, quel que soit leur âge, mais cela devient encore plus important pour les chiens qui vieillissent. 

Suivre l'évolution physique et mentale de votre compagnon à quatre pattes avec l'âge est le meilleur moyen de détecter rapidement toute maladie.

Demandez à votre vétérinaire de réaliser une analyse sanguine pour vérifier la santé des organes internes de votre chien afin d'identifier d'éventuels problèmes précoces.

Lorsque votre chien commence à réagir à une thérapie visant à améliorer ses fonctions cognitives, vous pouvez, si nécessaire, commencer à le rééduquer en utilisant les mêmes techniques que lorsqu'il était chiot ou chaton : un entraînement comportemental par renforcement positif, avec beaucoup de friandises et de félicitations.

Malheureusement, ces recommandations ne seront pas très utiles pour un animal déjà à un stade avancé de déclin cognitif. 

C'est pourquoi il est si important de diagnostiquer et de traiter le problème le plus tôt possible.

Le dysfonctionnement cognitif est une maladie évolutive et incurable, mais un diagnostic et une intervention précoces peuvent ralentir le déclin mental et offrir à votre chien vieillissant une bonne qualité de vie.

Pour vérifier si votre chien est sourd

Pour vérifier si votre chien est sourd, observez une absence de réaction aux sons, des difficultés à se réveiller, des changements de comportement comme des aboiements excessifs ou une sursaut facile, et une absence de mouvements des oreilles.

Vous pouvez effectuer des tests simples à domicile en émettant des bruits à distance, hors de vue de votre chien, et en observant sa réaction.

Pour un diagnostic définitif, un test BAER professionnel chez votre vétérinaire est nécessaire.

Signes de surdité à rechercher

Absence de réaction aux sons :

Votre chien ne réagit pas à son nom, aux bruits domestiques courants (comme la sonnette ou l'aspirateur) ou aux sons familiers comme les jouets qui couinent.

Réflexe de sursaut accru :

Le chien est facilement surpris par votre approche ou par des bruits soudains, car il ne vous entend pas arriver.

Aboiements excessifs ou changements de vocalisation :

Un chien sourd peut aboyer plus que d'habitude, probablement parce qu'il n'entend pas son propre volume ou d'autres bruits.

Difficultés de réveil :

Il peut dormir plus profondément ou être difficile à réveiller.

Changements de comportement :

Modification de l'obéissance, attitude plus distante ou apparence moins consciente de son environnement.

Inclinaison ou tremblement de la tête :

Le chien peut incliner ou secouer la tête, essayant de repositionner ses oreilles pour capter les sons.

Absence de mouvement des oreilles :

Dans certains cas, l'absence de mouvement des oreilles en réponse à un son peut être un signe de perte auditive.

Quand consulter un vétérinaire ?

Si vous pensez que votre chien est sourd, il est important de consulter votre vétérinaire afin d'écarter d'autres problèmes, comme une otite ou d'autres pathologies pouvant affecter l'audition.

Il pourra réaliser un test pour déterminer avec certitude si votre chien souffre d'une perte auditive et l'étendue du problème.

Références

• 1 Fefer, G. et al. Journal of Veterinary Internal Medicine, Volume36, Issue5 September/October 2022, Pages 1708-1718
• 2 NC State News, August 9, 2022
• 3, 4, 5 Psychology Today, October 11, 2022
• 6 Dei, R. et al. Acta Neuropathologica, Volume 104, Pages 113–122 (2002)

Source

https://www.barkandwhiskers.com/link-between-hearing-decline-and-dog-dementia/

Photo libre de droit

https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gros-plan-d-un-labrador-retriever-age-32997232/